Oxymore
Nonchalance domptée, flou rigoureux, anarchie maîtrisée, simplicité complexe, abstraction poétique, sensualité guerrière. Cette collection est un vrai virage.
Yiqing Yin a fait un pas de côté. Après avoir exploré pendant plusieurs saisons son monde onirique peuplé de créatures en mutation, de personnages en métamorphose – animale ou végétale – elle en a extrait l’essence. Elle s’est recentrée: sur le métier, sur la forme, la matière, l’être. Comme un retour au centre. Au milieu, pont fragile d’équilibre. Une affirmation de ses codes. Cette collection est méditation.
Le corps est au centre de tout. Le corps comme partie prenante de cette architecture de tissus. Aucun artifice, pas de corset, de fausses réponses, de faux-semblants. La vérité d’un corps qui vit sous son vêtement, sans contrainte. Mais qui n’est pas abandonné pour autant. Cette collection est respiration.
Les vêtements sont des sculptures poussées jusqu’à l’épure. Rechercher de l’essentiel, abstraction du geste. Libération. Les drapés sont instinctifs, jetés, la soie liquide, la soie lavée, l’alpaca semblent avoir été noués autour du corps, simplement, dans un enveloppement nonchalant. Les matières paraissent couleur comme des rivières, naturellement. Alors qu’il n’en est rien. Alors que tout est maîtrisé, au millimètre près. Mais cela ne se voit pas. Cette collection est élan.
L’angle et la courbe entrent en collision pour se fondre. le tailleur masculin se retrouve déconstruit malgré lui, il change de nature, mais pas de genre. De linéaire, il devient flou. Les claques de mousseline et de satin imprimés créent des effets d’optique cinétique, des vibrations de moirages. Cette collection est envol.
Une palette réduite à l’essentielle pour dire cette femme retrouvée, souveraine, qui s’inscrit dans une lignée d’autres femmes, en arborant, comme une deuxième peau un tatouages à la fois ancestral et futuriste. Tribal, primitif, le jersey dévoré se fait deuxième peau. Peau tatouée jusque dans les creux. Les cristaux Swarovski créent une silhouette de lumière.
Cette collection est un chant.
Texte DP Pressing
Photos PhilipKa http://www.philipka.com
Commentaires